Sur cette lune poreuse et humide, l’herbe est maîtresse. Cette graminée aérohaline y pousse sans restriction. Premier exportateur jupitérien de pelouse d’arrière-cour, le cinquième satellite en importance du système jovien est également dépositaire de l’appellation contrôlée L’agneau du Papolozine, région couvrant le tiers du satellite. De cette production découle aussi le fromage La Bêle, troisième économie du satellite et indice de calcul du F.I.B., le Fromage intérieur brut.
Le déplacement en valait déjà la peine. Les habitants, non habitués à voir des étrangers, ne faisaient que nous tourner en chèvre. Après maintes fausses routes et maints détours, le quartier général de l’Action Démocratique des Lunes Internes Bêles (ADLIB) se pointa. Le chef du mouvement nous accueillit sans prendre la chèvre.
Selon cet humble fermier, vêtu de chevreau de chevreau, le bouc au menton tel un vieux bouc, l’arrivée de Cistrelulgyn à la Présidence et de sa préférence pour La p’tite chèv’ à Trulsite constitue un acte d’affrontement clair et net.
De qu’est-ce, à c’t’heure ? Si y a pus de transport à ‘Upiter pour not’ Bêle, on pus rien n’z’autre !Un cri du cœur qui peine à entendre. De cet entretien, on en ressort marqué. Par l’honnêteté de l’âme de ces gens, par l’espoir qu’il porte dans leur Bêle, un peu par cette tarte cendrée que Chevrette nous a cuisinée, mais aussi par ce qu’on dit ici dans ce genre de situation : où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute.
(NDLR : Que faisons-nous, maintenant ? Si nous ne pouvons plus transporter notre fromage La Bêle vers Jupiter, nous n’avions plus rien !)
Maintenant, attendons de voir si Cistrelulgyn ménagera la chèvre et le chou.
À suivre dans une prochaine édition.
La presse jupitérienne